J'ai mis du temps à me décider à aller voir cette exposition au Collège des Bernardins, sans doute dû au visuel trop léché ou aux moyens considérables déployés (Audi Talents Awards et galerie Eva Hober) qui collaient mal avec la sobriété cistercienne du lieu. Toujours est il que par un jeu de hasard qui sied bien au projet je me suis retrouvée devant les écran multiples et la semi pénombre de l'ancienne sacristie, investie par Pauline Bastard.
Comment un personnage fictif peut il avoir une existence légale ? Comment circonscrire dans le temps et dans l'espace une projection à plusieurs ? Comment recréer un décor dans le décor ? Alex, incarné par un figurant recruté sur un site de petites annonces américain, est le fruit de tous ses enjeux. Pauline Bastard s'est entourée de nombreux spécialises de l'identité pour mener à bien ce projet. Sa fascination pour la figure contemporaine du "showrunner" personnage clé des séries télévisées proche des préoccupations d'un psy ou d'un avocat innerve tout son scénario. Les rencontres avec l'anthropologue, la costumière, la psychanaliste,le preneur de son sont riches d'imprévus même si parfaitement balisées par le groupe d'experts. Quels rebondissements possibles d'un destin décidé au préalable ?
La présence d'artefacts au sein de l'installation : documents ou vêtements, draps, créé un miroir dans le miroir, comme une mémoire qui s'imprime et que le spectateur peut s'approprier. Autant fragments d'un puzzle où il est question de pouvoir d'incarnation et de révélation d'une image. Une traversée de la grotte s'impose...
Infos pratiques :
Alex, un projet de Pauline Bastard
jusqu'au 13 décembre 2015
Commissaire : Gaël Charbau