Vues de l'exposition "les mains sans sommeil".
Parmi les 9 artistes résidents de la Fondation d'entreprise Hermès actuellement exposés au Palais de Tokyo sous l'œil désormais incontournable de Gaël Charbau, je retiens l'approche de Clarissa Baumann (architecture du geste chez l'orfèvre Puiforcat), Célia Gondol (Holding Textile Hermès) et Io Burgard (boîte valise de Duchamp déclinée à la Maroquinerie de Seloncourt).
visite, dans l’univers de l’orfèvrerie, de la maroquinerie, du cristal ou de la soie, ont toujours montré un intérêt immédiat pour cette connaissance en premier lieu sensuelle, avant de devenir intellectuelle ou spirituelle.
C’est ce que j’avais voulu signifier lors de “Condensation”, la précédente exposition retraçant les quatre premières années du programme des résidences d’artistes de la Fondation d’entreprise Hermès,
qui s’est tenue au Palais de Tokyo en 2013. À travers celle-ci, il s’agissait de mettre en relief cette fascination presque alchimique de la lente transformation de la matière, partagée par les artistes et les artisans.
Avec “Les Mains sans sommeil”(René Char) je souhaiterais attirer l’attention sur ces mouvements que j’ai observés et qui permettent cette métamorphose des matériaux. Il ne s’agit pas uniquement de gestes commandés par l’esprit au corps et à la main, mais bien d’une autonomie que la main acquiert en particulier, apparaissant comme “détachée” du contrôle de l’esprit. Artistes et artisans en sont les manifestes, selon deux approches qui expliquent leur parfaite complémentarité: les artisans sont des passeurs de gestes guidés par le savoir-faire, les artistes sont des inventeurs de formes traversés par le laisser-faire.
On retrouve cette liberté dans nombre d’œuvres présentées au Palais de Tokyo, cette autonomie laissée aux gestes eux-mêmes, qu’il s’agisse d’étirer une cuillère pour en faire un long fil d’argent (Clarissa Baumann), de déployer des figures abstraites sur près de quarante mètres de soie (Célia Gondol), de décliner les formes et les couleurs d’un motif (Bianca Argimon), d’emprisonner un motif cinétique dans un bloc de cristal (DH McNabb), de laisser couler du ciment dans une fine enveloppe de cristal (Lucia Bru), de prendre l’empreinte de machines perçues comme des créatures (Anastasia Douka), ou encore, sous forme métaphorique, de créer des outils dont il nous faut inventer les usages (Io Burgard), d’assembler librement des chutes de textiles pour confectionner un bestiaire fabuleux (Jennifer Vinegar Avery), ou de figurer, à partir de vastes surfaces de cuir, un symbole de l’infini et de la régénérescence de l’âme (Lucie Picandet).
En regard des œuvres réalisées au sein des manufactures, l’exposition propose de découvrir d’autres pièces issues du corpus des artistes, de façon à montrer le contexte dans lequel elles s’inscrivent et d’explorer ces “gestes d’atelier” qui fabriquent les œuvres: répétitions, hasards provoqués, inscriptions et “activations” du corps de l’artiste.
— Gaël Charbau, commissaire
ARTS DE LA SCÈNE
Seize spectacles soutenus par la Fondation
présentés dans plusieurs institutions d’Île-de-France
13 septembre – 21 décembre 2017
UNDER THE BIG TREE
A loft at Hermès, Singapour
22 novembre 2017 – 11 février 2018
EXPOSITION ROSA MARIA UNDA SOUKI
ON THE CORNER OF LONDRES
AND ALLENDE STREETS (1938-1954)
Atelier Hermès, Séoul, Corée du Sud
7 décembre 2017 – 4 février 2018
EXPOSITION FUJIKO & UKICHIRO NAKAYA
GREENLAND
Le Forum, Tokyo, Japon
22 décembre 2017 – 4 mars 2018
EN ANGLE MORT
La Verrière, Bruxelles, Belgique