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Le MoMA et le Whitney à Paris, le match !

par Marie de la Fresnaye 18 Décembre 2017, 20:13 Expositions Paris International Collection

Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.
Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.

Roy Lichtenstein, Signac, Bruce Nauman, Allan d'Arcangelo, Ed Ruscha, Claes oldenburg, Ian Cheng.

Deux musées américains emblématiques se partagent la vedette à Paris. Entre les deux lequel donne le plus envie ?
Le MoMA à la Fondation Louis Vuitton :
L'un des événements de cet automne, "Etre moderne : le MoMA à Paris" réunit à la fondation Louis Vuitton, un ensemble exceptionnel de 200 œuvres incarnant l'audace et l'esprit d'avant-garde de l'institution new yorkaise et la stratégie visionnaire d'une collection en perpétuel mouvement. 
 
Le MoMA entre sa fondation en 1929 par trois collectionneuse mécènes : Lillie P. Bliss, Abby Aldrich Rockefeller et Mary Quinn Sullivan. Glenn D. Lowry qui le dirige aujourd'hui  prévoit un ambitieux projet d'agrandissement pour 2019, a vu ses enjeux considérablement évoluer.
Le parcours investissant l'ensemble du vaisseau amiral de Frank Gehry volontiers polyphonique, favorise des rapprochements transversaux inédits et interroge les défis auxquels la collection est confrontée à l'ère d'internet et de la mondialisation. Tous les médiums sont représentés.
Entre tropisme européen, ancrage local et ouverture géographique non occidentale sa politique d'acquisition affirme une volonté réactive et pionnière en ce qui concerne l'Amérique latine, les Afros-américains, les femmes, les questions de genre et d'identité ou l'Europe centrale.
Chronologiquement les galeries au rez-de-bassin ouvrent sur le premier MoMA d'Alfred H.Barr les yeux tournés vers l'Europe avec des chefs d'œuvres de Cézanne (le Baigneur), Picasso (l'Atelier), Brancusi (l'Oiseau dans l'espace), Signac (Portrait de Félix Fénéon), Matisse (Poissons rouge et palette), Duchamp (Roue de bicyclette), De Chirico (La mélancolie du départ), Man Ray (Anatomies), Magritte (le Faux miroir)..emblématiques des origines et grandes conquêtes de la modernité. Pour contrebalancer cet héritage européen, Edward Hopper avec "Maison près de la voie ferrée" est vite devenu un emblème national.
Une rupture s'amorce avec Max Beckmann contraint de fuir l'Allemagne nazie.
Puis le point de bascule en faveur des Etats-Unis s'impose dans les années 1950 avec les ténors de l'Expressionisme Abstrait Jackson Pollock, Willem de Kooning ou Mark Rothko. 
Au rez-de-chaussée annoncés par le somptueux Wall Drawing de Sol LeWitt, l'Art minimal se confronte au Pop à travers notamment Ellsworth Kelly, Frank Stella et Andy Warhol, Jasper Johns, Roy Lichtenstein.
Changement complet de paradigme au 1er niveau dans les années 60 avec l'art en action, Joseph Beuys et sa mythologie personnelle, George Brecht et le mouvement Fluxus, Bruce Nauman et l'usage du néon. Performance (Felix Gonzales- Torres), danse (Yvonne Rainer), video (Laurie Anderson) anticipent radicalité et permutations de l'image avec Barbara Kruger (consumérisme, religion,pouvoir), Cindy Sherman (stéréotypes féminins) ou Gerard Richter (l'après 11 septembre). Emeutes raciales, épidémie du sida, violence, l'art est le reflet d'une Amérique tourmentée.
Au 2ème niveau de nouvelles scènes apparaissent avec la globalisation : l'Egypte (Iman Issa), la Turquie (Ash Çavuşoğlu), la Thaïlande (Rirkrit Tiravanija né en Argentine) teintées d'enjeux identitaires et politiques. Il est à noter que depuis 2009 le MoMA a été l'un des premiers avec la Tate à créer des groupes de recherche sur ces aires géographies extra occidentales.
Les nouvelles technologies font leur irruption au musée avec les Emoij originels, conçus par Shigetaka Kurita pour une société de télécommunications japonaise, le Google Maps Pin de Jens Eilstrup Rasmussen ou l'arobase stylisée de Ray Tomlinson et quelques jeux vidéos déjà considérés comme historiques.
L'installation hypnotique de Ian Cheng nous entraine dans des univers mutants autour des enjeux de l'intelligence artificielle (IA) avec la fresque "The Emmissary", incompatible pour la cognition du cerveau humain, ce qui empêche d'en suivre la narration. Brillant et inquiétant à la fois.
Last but not least et pour reprendre son souffle après une telle traversée, l' l'installation sonore "The Forty-Part Motet" de Janet Cardiff à partir d'une musique de la Renaissance interprétée par 40 voix du Salisbury Festival Choir et retransmise par 40 haut-parleurs qui forment ici une ronde. Le visiteur peut alors se déplacer pour les entendre tour à tour dans ce qui ressemble à une méditation. Poétique et sensiblement juste dans cet espace en forme de chapelle dessiné par Gehry en hommage à le Corbusier.
La scénographie a d'ailleurs été l'objet de vraies recherches de la part de la Direction artistique de La fondation Louis Vuitton afin de favoriser un cheminement par paliers avec des espaces interstitiels dédiés à creuser certaines démarches.
Qu'est-ce qu'être moderne ? Quel sera le musée d'art contemporain du futur ? A l'heure du flux constant, des identités plurielles et fragmentées, de l'instable et du chaos, les défis sont nombreux pour les collections du MoMA et de nos institutions européennes.
Outre son aspect formel séduisant, le propos de cet accrochage remarquable à plus d'un titre, bouscule les canons de l'art et invite à changer de focale pour nous tourner vers de nouveaux horizons et référents esthétiques.
 
Comparativement, le Whitney au musée Maillol ne bénéficie pas des mêmes espaces mais tire son épingle du jeu.
Fondée en 1931 par la puissante Gertrude Vanderbilt, riche héritière, sculptrice et mécène il a été récemment relifté par Renzo Piano créant un nouvel engouement. Sur les bords de la rivière Houdson, ce nouvel écrin offre des vues spectaculaires aux passants avec ces terrasses et coursives extérieures. Du côté de ses collections elles se trouvent un peu à l'étroit dans cet accrochage parisien signé du conservateur général David Brelsin. Les icônes sont là, Warhol, Jasper Johns, Lichtenstein mais aussi Rosenquist, Wesselmann ou Claes Oldenburg (assiette géante avec des frites dégoulinantes de ketchup !). D'autres moins connus dont des femmes comme Rosalyn Drexler (Marilyn pursued by death) ou May Stevens, activiste, dramaturge, scénariste.
Des artistes peu exposés en France comme Ed Ruscha, Allan d'Arcangelo (Jackie Kennedy), Georges Segal, John Wesley, Mel Ramos déboulonnent l'American Way of Life sur fond de guerre du Vietnam. 
Malheureusement l'agencement des salles et le manque de recul nuit à cet ensemble exceptionnellement réuni.
 
 
Infos pratiques :
 
Etre moderne : le MoMA à Paris
 
jusqu'au 5 mars 2018
 
Fondation Louis Vuitton
 
8 avenue du Mahatma Gandhi, Paris
 
Programmation autour de l'exposition : tables rondes, rencontres, cinémas...
 
 
Pop Art, Icons that matter
Musée Maillol
61 rue de Grenelle 75007 Paris

jusqu'au au 21 janvier 2018
 
 
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