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Le laid et l'oisiveté selon Franz West au Centre Pompidou

par Marie de la Fresnaye 26 Septembre 2018, 22:09 Art contemporain Expositions Paris International

 © Philippe MIGEAT - Centre Pompidou.
 © Philippe MIGEAT - Centre Pompidou.
 © Philippe MIGEAT - Centre Pompidou.

© Philippe MIGEAT - Centre Pompidou.

Relativement inclassable, attiré par le laid et les symptômes névrotiques, il fallait tout le brio de Christine Macel, conservatrice en chef du Centre Pompidou, commissaire de la dernière Biennale de Venise pour s'attaquer à la figure de Franz West (1947-2012) autrichien connu notamment pour ses sculptures extérieures monumentales, sortes de parodies de la statuaire européenne officielle, en formes fécales de couleur pastel ! Don't act.
Car l'homme manie le scepticisme et l'humour autant que la psychanalyse et la philosophie analytique. Abandonnant l'école à 16 ans, il fréquente les cercles artistiques viennois sous l'impulsion de sa mère (dont il porte le nom), tout en se détachant des actionnistes. Ses influences du Jugendstil au Pop art le conduisent à ses premiers dessins, les "Mutter Kunst" en noir et blanc, puis à ses fameux "Passtücke" sculptures/prothèses manipulables. Des "mises en forme d'états névrotiques"pour reprendre les propos du critique d'art Reinhard Priessnitz, que le public peut manipuler derrière des isoloirs blancs. Un conditionnement ambigu relayé par la vidéo. Faites en papier mâché et en plâtre, ces sculptures rudimentaires et trash, posées à la hâte sur des socles ou indépendantes malmènent les codes de la représentation muséale occidentale. 
Dépassant le clivage art et mobilier, il imagine pour la Documenta 9 de Cassel, 72 canapés recouverts de kilims "Auditorium" dans lesquels il est devient vite inconfortable de rester. On peut aussi tenter de s'asseoir sur ce qui ressemble à de gros poufs roses "Cook book", visionner des toilettes du monde entier "Mood", entrer en conversation avec une causeuse, parcourir sa bibliothèque ou revisiter des intérieurs bourgeois arty chic "Viennoiserie". L'intérêt pour la digestion et l'intestin est omniprésent, d'où son obsession pour les chaises. Lui qui revendiquait pouvoir passer son temps dans son lit "Mihi otium", (mon temps libre est à moi), mêle le trivial et le jubilatoire, le foutraque et le potache, et repart de la 54ème édition de la Biennale de Venise en 2011 avec un Lion d'Or pour l'ensemble de sa carrière. 
La liste est longue d'artistes pouvant se rattacher à son influence à partir des années 1990 de la scène californienne Mike Kelley, en passant par Sarah Lucas, Urs Fischer ou le collectif Gelitin à qui il propose volontiers de collaborer.
Justice est donc faite pour cette démarche d'ovni outsider adepte du dégoulinant et de l'informe, du vomitif et de la provocation, à rebours de la bien pensante Vienne des années après guerre. Il opère des intuitions insolentes et géniales à expérimenter sans aucun apriori sur fond d'un morceau de Bach.
 
La promenade se poursuit dans le quartier de Beaubourg, au musée Picasso, à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris et au musée Cognacq-Jay qui accueille plusieurs sculptures extérieures.
 
 
Infos pratiques :
 
 
Franz West
jusqu'au 10 décembre
 
Centre Pompidou
 
 
L'application du Centre Pompidou vous propose un parcours sonore dans l'exposition.
 
Programme de rencontres et performances :
 
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