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Le funambule Tomàs Saraceno tisse ses toiles au Palais de Tokyo

par Marie de la Fresnaye 1 Novembre 2018, 07:28 Anthropocène Sciences du vivant Art contemporain Expositions Paris

Courtesy the artist; Andersenís, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.
Courtesy the artist; Andersenís, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018. Courtesy the artist; Andersenís, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.
Courtesy the artist; Andersenís, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.

Courtesy the artist; Andersenís, Copenhagen; Esther Schipper, Berlin; Pinksummer Contemporary Art, Genoa; Ruth Benzacar, Buenos Aires; Tanya Bonakdar Gallery, New York. © Photography Andrea Rossetti, 2018.

"J'aime penser le jaming comme une invitation aux écologies sensorielles des différentes espèces..ouvrant un dialogue, tout en écoutant les possibles résonances qui en émergent". Tomàs Saraceno, entretien avec Rebecca Lamarche-Vadel, commissaire de l'exposition 
 
 
Arachnophobes passez votre chemin, ce qui suit est proprement insensé !
Le pari fou de Jean de Loisy qui à la veille de la fin de son mandat au Palais de Tokyo nous offre un manifeste vibrant à la planète et ses insondables merveilles invisibles en dédiant sa nouvelle carte blanche à l'artiste Tomàs Saraceno sur l'ensemble des espaces, soit 13 000 m². 
Du jamais vu dans la lignée des cartes blanches offertes précédemment à Tino Sehgal ou Philippe Parreno. 
Autre mutation à l'œuvre à partir de la toile d'araignée et ses interactions (70 venant de son studio de Berlin, les autres récoltées sur place) à la croisée entre l'anthropologie, la philosophie, la musique, l'astrophysique, la biologie l'éthologie ...pour ouvrir un jaming cosmique (jaming =jouer ensemble dans un écosystème en devenir) et aller vers un "Homo Sapiens Flotantis". Faire appel à "l'intelligence sociale des araignées" comme le résume l'artiste, dont certaines, pendant l'exposition "danseront une autre révolution diffusée à l'antenne, ON AIR, pendant que la poussière cosmique tapera du pied, emmenée dans une tarentelle, et que résonnera le vrombissement de la fracturation hydraulique, agitant les dauphins de la mer Méditerranée jusqu'à la révolte"..(magazine du Palais de Tokyo, Presses du Réel). Un scénario aux allures de science fiction qui pourrait rebuter de prime abord, alors que le résultat est d'une infime poésie révélant ce qui reste d'habitude invisible pour le regard. 
De plus interroger le comportement des groupes, en l'occurrence les toiles d'araignées, c'est aller au delà de l'esthétique comme le souligne Rebecca Lamarche-Vadel et aujourd'hui l'ai que nous respirons est un enjeu capital dans une logique d'énergies fossiles qui a tout contaminée. Dès lors comme l'a souligné Bruno Latour qui a fortement inspiré l'artiste, l'ère de l'Anthropocène signe l'impact meurtrier de l'homme avec l'amplification de phénomènes aussi violents qu'imprévisibles. Une autre approche est-elle encore possible inversant cette tendance ?
C'est tout l'enjeu de la dernière partie de l'exposition à travers le projet Aérocène défendu par l'artiste, soit la limitation de l'empreinte carbone pour libérer l'air et l'adoption de comportements humains autres pour se dégager des énergies fossiles. "Une ère postindividualiste et participative peut-elle être envisagée ?" telle est la question qui résume l'imaginaire véhiculé par l'Aerocene Foundation fondée par Tomàs Saraceno avec la construction d'un musée volant en 2007, le Museo Aero Solar, visible dans l'espace de l'exposition et régulièrement rejoué.
Alors laissez vous porter par les particules de poussière interstellaire, les ondes vibratoires arachnéennes, les fréquences des météorites qui percutent l'atmosphère, le rythme vibratoire des trous noirs, entrez dans un autre monde pour vivre une expérience aux confins de l'infra mince et de l'inaudible. Devenez le réceptacle d'infrasons, le temps d'une session acoustique où votre corps se fait le viatique de signaux interplanétaires. De l'obscurité à la lumière la vibration se produit et devient sens.
 
 
Tomás Saraceno est né en 1973 à Tucumán en Argentine. Il vit et travaille sur et au-delà de la planète Terre.
Après avoir obtenu un master en architecture à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de la Nation Ernesto de la Carcova à Buenos Aires, Tomás Saraceno a poursuivi ses études en Europe, en étudiant les beaux-arts à la Städelschule de Francfort puis en suivant le master d’art et d’architecture de l’IUAV de Venise. Depuis, l’artiste vit et travaille à Berlin. En 2009, il a été montré à la 53ème Biennale de Venise et depuis lors dans des lieux d'envergure internationale avec Cloud Cities notamment. 
Tomás Saraceno a présenté son travail pour la première fois au Palais de Tokyo en février 2015 dans l’exposition « Le Bord des Mondes », puis a proposé le séminaire Aerocene et le workshop « Museo Aerosolar », en écho à la COP21 en décembre 2015. On a retrouvé son oeuvre Du sol au soleil d’octobre 2017 à janvier 2018 dans l’exposition « Voyage d’Hiver », hors les murs du Palais de Tokyo dans les jardins du château de Versailles.
 
 
 
Infos pratiques :
 
Carte blanche à 
Tomàs Saraceno
ON AIR
 
 
jusqu'au 6 janvier 2019
 
Palais de Tokyo
 
de midi à minuit
 
Autour de l'exposition : les journées On Air With...
 
À chacune de ces occasions, le 26 octobre, 23 novembre, et 14 décembre, un séminaire rassemble chercheurs, activistes et artistes au sein des espaces d’exposition, des workshops sont proposés au public ainsi que des concerts exceptionnels et inédits de « jamming with spiders » d’Alvin Lucier, Eliane Radigue et Evan Ziporyn.
 
#TomásSaraceno
 
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