Vous avez dit AKAA ?

"L'idée est de redessiner une carte de l'art contemporain, d'y mettre en son centre l'Afrique, et de ce centre de voir tous les axes, tous les regards, tous les passages.." Victoria Mann

Comme un cri de guerre Also Known As Africa AKAA fend l'air hivernal pour une 3ème édition, orientée vers le "Sud Global" pour reprendre l'expression de Françoise Vergès, politologue titulaire de la chaire Global Souths. Une foule joyeuse et haute en couleurs envahit le Carreau du Temple en cette journée pluvieuse. Une fois à l'intérieur, l'installation monumentale de l'artiste cubaine Susana Pilar avec son jeu de miroirs capte tous les regards. La Galleria Continua qui témoigne à travers ce projet de sa présence à Cuba frappe fort.

Tout autour 49 exposants de l'Afrique du Sud au Zimbabwe en passant par la Corée et les diasporas européennes, dessinent une cartographie éclatée et inspirante. 

Remarquons,

-Didier Claes avec Kendell Geers, ce marchand belge signe une scénographie toute scintillante et d'un luxe tapageur pour mettre en dialogue l'artiste contemporain avec quelques uns de ses trésors primitifs.

-Loft Art Gallery avec Joana Choumali "ça va aller", finaliste du Prix Onomo pour la photographie. A travers ses borderies c'est le drame des habitants d'Abidjan ( plage de Grand-Bassam) face à l'attentat terroriste de 2016 qui se déroule en ces fils de couleur. Une catharsis pour ne pas oublier.

-Barnard (Cape Town) avec Lien Botha et Richard Mudariki

Remarquée à 1: 54 la grande sœur londonienne d'Akaa, l'écrivain, Lien Botha d'abord photographe documentaire est fascinée par les cabinets de curiosité dans une approche expérimentale du medium.

Richard Mudariki avec "Africa is not a country" une toile très influencée par le cubisme et l'expressionisme européens y ajoute une satire sociale mordante. Né au Zimbabwe et vivant en Afrique du Sud s'attache aux faces cachées de l'histoire et mécanismes de contre pouvoirs.

-50 Golborne (Londres) avec Phyllis Galembo 

Professeur new yorkaise passionnée par les mascarades et costumes elle impose une symbolique métissée entre héritage du passé et présent hybride.

-Ed Cross fine art (Londres) avec Shiraz Bayjoo "Ile de France"

Ce film basé sur l'histoire coloniale mauricienne se déploie comme une tapisserie polyphonique à partir de plusieurs media.

-ARTCO (Cape Town et Allemagne) avec Justin Dingwall

A travers les séries "Albus" et "A seat at the table" l'idée est de se pencher sur le phénomène de l'albinisme maladie génétique qui affecte la pigmentation de la peau, dont s'empare à présent la mode pour célébrer une autre beauté. Ce qui est perçu différemment devient revendiqué.

-Galerie GVCC (Casablanca) et Emo de Medeiros

Entre ready made et artefacts locaux les "Electrofétiches" sur socles ultra cheap (boîtes de conserves) ont pourtant été aspergés d'eau bénite de Lourdes ! A la croisée de l'animisme et du christianisme, du smartphone et du fétiche, Emo se saisit du transculturel pour dire les effets de la mondialisation sur nos référents identitaires.

-Addis Fine Art avec le solo show de Tariku Shiferaw

Ethiopien vivant à New York, le jeune artiste fortement inspiré par l'Expressionisme abstrait américain y appose des questionnements liés à l'équité, la race, les lutes des artistes et compositeurs de musique noirs, la romance, le sexe et la vie quotidienne. Utilisant des bandes géométriques horizontales et verticales, du plastique et des palettes en bois, l'artiste appose un discours très engagé sur des formes d'allure minimaliste où la marque est le pivot central.

-Dominique Fiat avec Vivian van Blerk

Parmi les propositions, les vanités de Vivian van Blerk en céramiques créent la vraie surprise tandis que les collages blancs de Safaas Erruas (Maroc) disent une violence sourde et invisible.

Infos pratiques :

AKAA

art & design fair

9 au 11 novembre

Carreau du Temple

Rencontres : programmation

Tarifs :

Plein 16€

Réduit 10 €

Catalogue 

4 rue Eugène Spuller, Paris

http://akaafair.com/