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Se souvenir des belles choses et envisager l'avenir du MRAC

par Marie de la Fresnaye 18 Janvier 2016, 10:02 Regions

©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.
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©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.
©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.
©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.
©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.
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©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.

©Simone Decker, Philippe Decrauzat, Suzanne Lafont, Sandra Patron devant Yvan Salomone, Julien Crépieux, Emmanuel Etienne, Omer Fast, Fred Eerdekens Perrine Lievens.

Premier film de Zabou Breiman, "Se souvenir des belles choses", traitait d'un coup de foudre improbable entre une victime d'Alzheimer précoce et un amnésique. Entre stratégie de survie, moments de régression et phases de lucidité les héros tentaient de dessiner un futur possible. Sandra Patron, directrice du MRAC Languedoc-Roussillon s'en inspire au moment où elle dévoile les contours de la prochaine transformation du musée. Un moment charnière dans cette stratégie d'extension (+25% de surface d'exposition qui permettra la création de nouvelles réserves et l'accueil d'un dépôt du CNAP) et de synergie au sein de la région Languedoc-Roussillon Midi Pyrénées. Une vision matérialisée par l'oeuvre pérenne commandée à l'artiste Bruno Peinado qui nous en dévoile l'essence et cette invitation faite au Frac qui met en jeu la mémoire,qu'elle soit collective ou individuelle et les strates de temporalité comme espace de projection ou de falsification de l'histoire de l'art. Comment un musée construit-il à partir de cet héritage et parvient-il à inscrire sa propre empreinte ? Ce panorama fictionnel d'une soixantaine d'oeuvres choisies s'ouvre sur les "fantômes" de Simone Decker, archétypes de monuments disproportionnés qui renvoient à nos souvenirs de capitales traversées mais ces artefacts photoluminescents dans le noir semblent comme des lucioles échappées d'un carnaval. Une façon de jouer sur la notion d'aura et de kitsch, entre culture savante et populaire. Dans la 1ère salle, une fois que la grande déesse nous indique le chemin, il est question de faire le vide, "VOID" de Christian Robert-Tissot en lettres noires suspendues telles une injonction. Une lecture rendue difficile par le mouvement de balancier de ce mot qui se fait et se défait selon le point de vue du spectateur. Blanc des tableaux de Samuel Richardot, tels des hiatus, dualités en positif et négatif de Man Ray tandis que l'horloge de Véronique Joumard en flux constant infinitésimal renvoie à notre implacable finitude. La salle 3 placée sous le signe de la mélancolie est la plus aboutie à mon sens. Proche de la Cabane éclatée lumineuse de Buren (salle 2), comme un seuil à traverser, les tonalités grises et noires de la scultpure de Philippe Decrauzat et des photographies adjacentes agissent comme un contrepoint révélateur. "Mélancolia" titre emprunté à Durer est un polygone tout en noirceur par sa forme et l'incrustation sur l'une de ses faces de la pochette de l'album White Light/White Heat du Velvet Underground. Face à ce volume le portrait de Suzanne Lafont d'une grande intensité et la jeune communiante dans un champ d'August Sander. Abyme et profondeur que l'on retrouve chez Rafael Navarro dont les diptyques photographiques cherchent à créer un dialogue entre des éléments inconciliables. Joan Fontcuberta lui conçoit des images du sublime "plus vraies que nature" à partir d'un logiciel topographique. Distanciation qui prend la forme de provocation en Salle 4 avec Erik Dietman et la prothèse noire ou un ballet suicidaire d'Eros et Thanatos. Un rapport au temps mortifère qui peut prendre une dimension plus onirique chez Abdelkader Benchamma et ses fulgurantes compositions murales ou avec Yvan Salomone et son protocole d'une aquarelle par semaine sorte de dérive spatio-temporelle. Systématisme de la déconstruction chez Ross Hansen, salle 5 tandis qu'Omer Fast avec Talk Show insiste sur les défaillances de la mémoire dans un dispositif qui trouble les frontières de la narration et interroge le pouvoir des médias. Retour à la poésie et au merveilleux avec Zilvinas Kempinas et son hypnotique Flying Tape et l'écriture de lumière de Fred Eerdekens "Forever".La salle 8 marque une rupture avec l'installation de Douglas Gordon et Rirkrit Tiravanija Cinéma Liberté & Bar Lounge soit la projection de films interdits dans l'histoire du cinéma comme La Bataille d'Alger en guise de protestation contre l'amnésie pratiquée dans notre mémoire collective. Julien Crépieux s'empare également du cinéma avec Re:Wind Blows Up à partir d'Antonioni qu'il détourne en une succession de photogrammes, manipulation en miroir qui rejoue les images des frères Lumière. La dernière salle ouvre sur une promesse avec la maison de verre d'Emmanuelle Etienne Véra d'Or qui oscille entre passé et présent, le plaidoyer pour la liberté d'un agent secret au Liban par Walid Raad I only Wish That I Could Weep,l'inventaire émerveillé de Patrick Van Caeckenberg Arboretum, la captation de l'instant chez Pierre Joseph La Dame à la Licorne ou la quête de véracité de l'image chez Benoît Broisat qui parcourt le monde pour tisser la trame d'objets présents sur des images de presse qu'il traque dans de longues chasses aux trésors.

Mais c'est la très belle réflexion de Perrine Lievens Distance variable, maquette du futur Mrac portée par un ballon gonflé à l'hélium qui nous laisse une note douce et flottante face à cette mutation en devenir. Ode subtile qui referme cette projection avant que Bruno Peinado ne déroule les prémices de son oeuvre à valeur de manifeste Il faut reconstruire l'Hacienda.

Ancien élève des Beaux arts de Montpellier il a construit sa réflexion autour de l'héritage du groupe Supports/Surfaces qui est né dans la région, de l'intervention de Buren à l'entrée de la ville de Sérignan, des monochromes de la collection du musée et des réminiscences matissiennes de la Porte-fenêtre à Collioure. Une histoire de la peinture abstraite qu'il revisite avec celle du bâtiment autrefois maison vigneronne, espace de vie et de travail d'une communauté. Un phalanstère porteur d'utopie qu'il réactive en proposant un musée à ciel ouvert avec ces enseignes tableaux sur la façade dont les variations lumineuses créeront un dialogue avec les habitants. Des jeux visuels dont on pourra percevoir des clins d'oeil avec l'histoire de l'art. Une façon de repenser l'existant en lui ajoutant du sens et de la valeur, ce dont se félicite Sandra Patron. Rendez-vous est pris le 21 mai pour la réouverture du musée et la découverte de cette commande !

Infos pratiques :

Se souvenir des Belles Choses : une sélection d'oeuvres de la collection du Frac Languedoc-Roussillon

jusqu'au 17 avril 2016

Printemps 2016 : Il faut reconstruire l'Hacienda par Bruno Peinado

MRAC Languedoc Roussilon

146 avenue de la plage, Sérignan

http://mrac.languedocroussillon.fr/

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