©Silvie et Chérif Defraoui, Maurice Vouga, Anne-Julie Raccoursier Nicole Zermatten Vue de l’exposition Révélations | Photographies à Genève ©MAH, photo: M. Sommer.
Dans une volonté de valorisation du domaine de la photographie à Genève, l'exposition "Révélations" du musée Rath dresse un état des lieux de la grande richesse et diversité des collections à la fois patrimoniales, ethnographiques, documentaires et artistiques. Transversal et organisé en partenariat avec la Bibliothèque de Genève, ce panorama s'appuie sur de nombreuses fondations et institutions genevoises qui sont représentées. Un défi "titanesque" pour reprendre les propos de la commissaire : Mayte Garcia pour porter un regard nouveau sur le médium. S'il ouvre sur les daguerréotypes de Jean-Gabriel Eynard,amateur de génie qui vient à la photographie à l'âge de 65 ans le parcours va jusqu'à des photographes contemporains favorisant de fréquents allers et retours à travers une scénographie en forme de labyrinthe où de véritables cabinets d'étude sont aménagés. L'un des premiers champ d'exploration du médium est l'archéologie à travers la figure du genevois Fred Boisonnas et son atelier ou l'épouse d'Edouard Naville, Marguerite dont les albums mêlent souvenirs et relevés archéologiques, l'Egypte restant la destination phare de l'époque.
L'art du portrait doit ses débuts à l'émaillerie, comme en témoigne la finesse des coups de pinceaux de l'artisan puis l'art de la pose est mis au point par des photographes prestigieux (Fondation Auer Ory) auprès de célébrités ou acteurs de la comédie de Genève (Archives de la ville). La photographie ethnographique du musée éponyme est remarquablement illustrée à travers danses et rituels, portraits ou ce gros plan de tambour de Jonathan Watts d'une étonnante modernité. Incursion dans les sciences naturelles (fonds du museum, conservatoire et jardin botanique) avec l'exploration du microcosme et du macrocosme et les paysages des botanistes dans la grande tradition suisse. Un certain ennui pointe parfois devant ces clichés de la flore. C'est avec la section : la ville et ses habitants à partir du Département des constructions et de l'aménagement dans les années 90 que l'émergence d'une pratique photographique indépendante à vocation littéraire et artistique se dessine. La symétrie des rues piétonnes dans les grandes villes d'une terrifiante similitude par Jean-Jacques Meunier révèle l'uniformité d'un espace public envahi par la dictature des marques.
En sous-sol la 2è partie de l'exposition plus contemporaine gagne en cohérence et en intensité.
Chaque grand courant est illustré que l'on soit dans le pop art, le land art, l'art conceptuel ou minimal, ou les nouvelles écritures de l'image. Autour de l'identité (Christian Boltanski), de la mémoire (Silvie et Chérif Defraoui), de l'archive et sa classification (Documentation Céline Duval et Hans Peter Feldman), de la performance (Marina Abramovic,David Weiss), du geste politique (Josef Beuys), du corps (Didier Jordan) se tissent des passerelles, des rapprochements et affinités inédits.
Comme une constellation de possibles qui au delà des formes et de l'histoire, questionne la face invisible en photographie à l'instar de la dernière image du parcours signée Laurence Hubetr où les unités de temps, de genre et de lieu se confondent comme pour se dissoudre.
Intense révélation !
Infos pratiques :
Révélations
Photographies à Genève
jusqu'au 11 septembre 2016