Vues de l'exposition Jardins d'Orient.
L'un des meilleurs remparts contre l'obscurantisme, le Jardin d'Orient fascine depuis ses origines. L'Institut du monde arabe dans une exposition aussi onirique que pédagogique retrace l'extraordinaire destin de ce concentré miniature du paradis. L'origine du mot pairidaeza est persane et c'est dans le raffinement des miniatures que se dessine les prémices de l'ordonnancement de ce chaos. Exacte symétrie et langage des symboles régissent ces scènes déclinées de l'Alhambra au Taj Mahal selon le sous titre de l'exposition. Mais dans cette nature aride du Moyen Orient la question de l'eau demeure centrale, comme le souligne la première partie du parcours sous les images mythiques des Jardins Suspendus de Babylone, l'une des 7 merveilles du monde dont il ne reste qu'un parfum de nostalgie. Juste à côté la reconstitution d'une "vis d'Archimède"rappelle l'ingéniosité de ce système d'irrigation mésopotamien repris dans tout le bassin méditerranéen. Puis nous pénétrons dans les labyrinthes des villes closes, le long des canaux, dans la fraicheur d'un kiosque, sous le chant des oiseaux où une nature luxuriante suggère le plaisir des sens, repris à l'infini dans les arts décoratifs (tissus,parures, tapis, motif de la tulipe..).
Une déambulation qui se prolonge à l'extérieur sur le parvis de l'IMA avec la fascinante anamorphose végétale signée François Abelanet, ce polygone (la géométrie toujours) de quelques 6600 plantes qui irradie le jardin éphémère de Michel Péna. Et là on se surprend à voyager au temps de ces Orientalistes comme sur ces photographies noir et blanc de style colonial. Mais si le volet actuel est évoqué à travers les jardins Majorelle de Marakech (et le futur musée Yves St Laurent) ou le parc al-Azhar du Caire la survivance contemporaine de tels prodiges ne semble pas au cœur des préoccupations.
Infos pratiques :
Jardins d'Orient, de l'Alhambra au Taj Mahal
jusqu'au 25 septembre 2016
Catalogue aux éditions Snoeck/IMA, 212 pages, 25€ en vente à la librairie du musée.