©Joaquim Paiva, Celso Brandao, Marcel Gautherot.
Parmi les 4 photographes réunis par la Maison Européenne de la photographie pour sa saison estivale aux couleurs du Brésil, Joaquim Paiva avec ses "Souvenirs de Brasilia" m'a le plus interpellé. C'est d'abord en tant que photographe qu'il expose ici et non en tant que collectionneur (les 2/3 de sa collection se trouvent aujourd'hui au musée d'art moderne de Rio de Janeiro). Brésilia lui semble assez froide à son arrivée, c'est pourquoi il s'intéresse rapidement à la périphérie là où les ouvriers se sont installés et non à ces symboles d'architecture de pouvoir. Il choisit la couleur ce qui est assez novateur à l'époque, pour transcrire ses émotions et la vitalité des scènes observées sur les marchés, les chantiers, les faubourgs recherchant les contrastes et les angles inédits.
Cinéaste du réel, Celso Brandao documente avant tout son pays d'origine Alagoas, petit état du Nord Est du Brésil et ses traditions avant qu'elles ne disparaissent sous l'emprise de la violence omniprésente. Des rituels indigènes, processions, carnavals chamaniques qu'il saisit dans sa "boîte noire" comme cette superbe main de potière d'une tribu indienne, sorte d'incantation d'une grande puissance formelle et poétique.
Marcel Gautherot est tellement emblématique de la ville de Brasilia qu'on oublierait presque qu'il est français ! Son amitié avec l'architecte Oscar Niemeyer et son vaste projet documentaire sur le Brésil (archives pléthoriques conservées à l'Instituto Moreira Salles de Rio de Janeiro dédié à la photographie) en font une figure majeure de l'après-guerre. C'est la première rétrospective organisée hors du Brésil témoignant des liens entre son pays d'adoption et la France. Son approche rigoureusement noir et blanc symbolise ce nouvel ordre social prôné par président Juscelino Kubitschek. Je l'avais découvert à l'occasion de l'exposition "Modernités brésiliennes" organisée par la fondation Gulbenkian l'année dernière.
Quant à Vik Muniz dont les séries majeures sont impeccablement retracées par cette sélection issue de la prestigieuse collection du joailler Lorenz Baümer je ne me sens plus séduite par cette avalanche de matières et de trompe l'œil. Des compositions qui nécessitent une grande dextérité mais qui confrontées aux visions de ses compatriotes sonnent un peu bling bling.
Infos pratiques :
Une saison brésilienne à la
Maison Européenne de la photographie
jusqu'au 28 août 2016
Cycle du WE Regards Brésiliens : cinéma, documentaires, longs-métrages...
http://www.mep-fr.org/programmation
Bons JO !