@Michel Houellebecq/courtesy Air de Paris.
Plutôt habitué des pages du Figaro que du Monde, en témoigne l'une de ses polémiques décryptées sur le plateau de "On n'est pas couché", Michel Houellebecq est accueilli en guest star par le Palais de Tokyo qui lui consacre une exposition fleuve sur pas moins de 18 salles. Une vision globale pour un "artiste total" comme le définit Jean de Loisy patron de l'institution et commissaire de l'événement. Comme un long collage crépusculaire, ce travelling au cœur du processus créatif oscille entre phases d'exaltation et pessimisme à fleur de peau, l'une des marques de fabrique de ce romantique incorrigible qui ausculte et dissèque les prémices du chaos ambiant. Des ruines prémonitoires qui s'inscrivent dans le tourisme obscène, l'enlaidissement du monde ou le bonheur en souffrance, pour ne citer que quelques unes de ses obsessions. Et si l'on reconnaît un grand écrivain à ses névroses monomaniaques, il en est un assurément ! L'écriture, le film, la musique ou la photographie au service d'une même inquiétude palpable."Il est temps de faire vos jeux" comme le scande la phrase d'ouverture du parcours qu'il a lui-même peaufiné jusque dans les moindres détails. Passées les promesses factices du tourisme à portée de main,nous voici face à la tristesse de la chair et narcissisme des corps, quand soudain Clément, son chien et compagnon fidèle s'incarne comme la métaphore de l'amour absolu, sur le son d'un de ses poèmes lu par Iggy Pop. "Un diaporama assez bouleversant, l'un des chefs d'œuvre de l'exposition" comme le résume Jean de Loisy. Sans doute à prendre au 2è ou 3è degré comme souvent chez cet auteur car le côté kitsch totalement assumé de cet hommage posthume peut faire sourire quand on sait notamment que le couple Houellebecq/Marie Pierre Gauthier son ex femme, se partage avec une parfaite équité les jouets de Fox (personnage emblématique de nombreux romans) devenu dans un geste quasi duchampien "machine à aimer". Il est vrai que le chien, lui déçoit rarement...
Le fumoir ouvert à tous, la reconstitution de son appartement dans le 13è arrondissement, l'odeur des poils pubiens, séduiront surement les lecteurs assidus. Pour les autres ce labyrinthe du désir restera peut être impénétrable mais frappera les esprits, comme une exposition totalement atypique et somme toute assez révolutionnaire. Un ovni volontairement loin des diktats politiquement correct de l'art contemporain qui apporte un contrepoint jubilatoire au minimalisme triomphant.
Infos pratiques :
Michel Houellebecq
Rester vivant
jusqu'au 11 septembre
La Fondation Louis Roederer est partenaire de l'exposition.