©Charles-Léon Vinit la 2nde Cour de l'Ecole des Beaux Arts Jean A. Ingres, Romulus vainqueur d'Acron, Julian Rosefelt Manifesto, Johanna Benaïnous, Loup Sarion
"Nous sommes le coeur de l'art en France" déclare Jean-Marc Bustamante à l'occasion de la présentation de l'Amphithéâtre d'honneur restauré et de son projet d'établissement à la presse. Ce professeur qui a remplacé Nicolas Bourriaud à la suite de son éviction controversée entend magnifier l'histoire prestigieuse de la maison et l'ancrer plus encore dans la proximité avec le Louvre. Une perspective visant à mettre en valeur les collections (environ 400 000 oeuvres au total) et gagner ainsi l'appellation "Musées de France". Ainsi la façade Quai Malaquais retrouverait son lustre d'antan et un nouveau parcours se dessine "sur les traces des élèves d'autrefois". De plus une programmation d'évènements en lien avec l'Ecole de la République renvoie à la vocation première du lieu fondé par la Restauration en 1817 et anticipant les principes de la République française moderne. Des intention certes louables pour ce conservatoire et laboratoire de l'utopie tel que le définie son directeur mais en prise avec les enjeux actuels et attentes des futurs artistes confrontés aux lois du marché et de la mondialisation ?
S'il est important de se construire sur des références solides et en lien avec le passé, il bon aussi de rester ouvert sur les mutations ambiantes, et le recrutement de la chorégraphe Emmanuelle Huynh et du maître de l'illustration Joann Sfar devrait y participer. L'on sait combien il est difficile pour les artistes français de se vendre à l'international et d'intégrer le circuit dans les années qui suivent leur diplôme. Quelle est donc la vocation première d'une telle école ?
C'est le véritable questionnement me semble t-il alors que la nouvelle classe préparatoire "Via Ferrata" destinée à des étudiants issus de la diversité culturelle et sociale s'est ouverte en septembre et que l'exposition des félicités montre à quel point ces 33 artistes remarqués dessinent un paysage mouvant, fluctuant et rétif à toute emprise de catégorisation de médiums. Ainsi des installations évolutives de Jeanne Briand, de la multiplicité des points de vue suggérés par le duo Johanna Benaïnous et Elsa Parra "A couple of them", du projet d'implantation d'un lieu d'exposition en plein désert du Sahara par Alex Ayed, des déplacements du corps dans l'espace par Paul Desmazières, des glissements de vocabulaire d'Alexander Duke, du pouvoir du faux par Raphaël Fabre, des métamorphoses organiques de Shanel Gwane Engoué, de la collecte en musée des sentiments personnels d'Enzo Mianes, des transformations constantes de l'identité par Hélène Mourrier, de la porosité des surfaces chez Loup Sarion...
Dès lors "Revendiquer" un héritage commun (installation Manifesto en regard avec une partie des collections des Beaux Arts, à partir de février 2017), "Se passionner" pour le dessin, "S'exprimer" (colloque sur la Valeur de l'art en avril) "Célébrer" le peintre danois Per Kirkeby (il n'y avait aucun autre candidat français potentiel ?) ou "Lutter" aux couleurs de Mai 68 et de la culture visuelle de l'extrême gauche (octobre 2017) seront les principaux temps forts de ce 200è anniversaire à haute portée politique.
Bouffée d'air frais en sortant devant les oeuvres de Laure Tiberghien (atelier Poitevin) tout juste diplômée..un talent à suivre.
En 2017 les Beaux Arts ont 200 ans !
nouvelle identité visuelle, nouveau positionnement
Derniers jours : FELICITA, l'exposition des diplômés avec félicitations du jury