©Georges Lacombe, Maurice Denis, Lawren Stewart Harris,Emile Bernard, Edvard Munch.
Sous un titre qui tient plus à la science fiction qu'à l'art, le musée d'Orsay nous propose un véritable petit bijou avec "Au delà des étoiles". En collaboration avec l’Art Gallery of Ontario, la période de l'exposition coïncide avec les nouveaux questionnements au tournant du XXè siècle au moment de la naissance de la psychanalyse et de la fin du positivisme qui ouvrent sur une possible union avec le divin selon les artistes.
Le parcours démarre sous le signe de la contemplation avec Monet tout d'abord (série les Meules) puis les symbolistes et les Nabis dont on mésestime souvent l'importance dans l'histoire des avants-garde. Ces "prophètes" vivaient en véritable communauté religieuse dans le sillage de Paul Sérusier et son fameux Talisman qui fait figure de manifeste du mouvement. Son tableau "Le Bois sacré" donne son titre à l'une des sections les plus abouties. Maurice Denis, le théoricien du groupe est magistralement représenté par sa subtile "Procession sous les arbres", mystique "Lutte de Jacob avec l'Ange", nostalgique "Dormeuse au Bois magique". Il est question pour ces artistes de retranscrire dans la peinture des sensations, émotions, épiphanies, à partir de procédés stylistiques novateurs hérités du japonisme (aplats, syncrétisme des formes, couleurs subjectives..). Des affinités littéraires se nouent avec d'autres créateurs comme cela est souligné dans le poème de Baudelaire "Correspondances". D'autres vont reprendre à leur suite ces "paysages de l'âme" tel Gauguin , exceptionnelle "Vision d'après le sermon" d'Edimbourg, ou Van Gogh "le semeur" conservé à Amsterdam (affiche de l'exposition).
Mais l'un des attraits de cette évocation est qu'elle ne reste pas strictement européenne avec le style canadien du groupe des Sept autour de" l'idée du nord".Fortement marqués par leur découverte d'artistes scandinaves en 1913, ils traduisent une conception symbolique et sacrée dans leurs paysages, rehaussés parfois de revendications identitaires et primitives, comme chez Emily Carr. Une quête spirituelle qui nimbe ces montagnes, nuages, vague, matin, d'un halo très singulier.
Puis la nuit tombe, autre espace fantasmagorique en puissance, souvent investie par les artistes. Symbole de solitude, de silence (Henri Le Sidaner, Fernand Khnopff) ou même de désolation et de mort comme chez les canadiens engagés pendant la guerre : Varley et Jackson, en écho avec les ruines d'Egon Schiele.
Après l'obscurité, la lumière avec la section finale à l'intitulé assez new age "Cosmos"où l'on est aveuglé devant des astres flamboyants. L'occultisme, le spiritisme triomphent et les peintres s'en saisissent comme la fascinante Georgia O'Keefe, Edvard Munch, Hilma af Klint, Augusto Giacometti, Theo Van Doesburg ou Arthur Dove. Une véritable apothéose qui nous fait toucher les étoiles ! En cette période instable et troublée c'est apaisant de retrouver un tel souffle et de redonner du sens.
Prolongez cette expérience le temps d'une soirée nocturne exceptionnelle le 23 mars avec le concert de Chapelier Fou, une voyante au café Campana, la nuit au cinéma, la brigade poétique volante, un speed dating avec des astrophysiciens...
Infos pratiques :
jusqu'au 25 juin 2017
Curieuse nocturne : le 23 mars
Remède aux jeudis sans surprise pour esprits jeunes et curieux !
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