©Yohann Gozard Vues de Retour sur Mulholland Drive © Donald Appleyard,Richard Longstreth, Allan B. Jacobs.
Deux expositions célèbrent les grands mythes américains, son cinéma hollywoodien avec la relecture de Mulholland Drive par Nicolas Bourriaud à la Panacée en préfiguration du futur MoCo qui regroupera l'Hôtel Montcalm, la Panacée et l'Ecole des Beaux Arts de Montpellier et d'autre part, la route à la Kerouac et de nouveau l'imaginaire qui en découle, au Pavillon Populaire qui présente l'archive photographique inédite de 6 chercheurs. Autant dire un régal qui justifie en soi le déplacement !
-"Le minimalisme fantastique" à la Panacée
Nicolas Bourriaud, nouveau directeur de la Panacée et commissaire de l'exposition, plonge dans le réservoir à images du film-culte de David Lynch de 2001 qui a marqué toute une génération. Sorte de boucle temporelle infinie à l'atmosphère nocturne vertigineuse, l'ouverture du film : une route balayée par les phares d'une voiture suffit à faire jaillir toutes sortes d'associations mentales. Les temporalités réflexives et composites, la non résolution, la question du double, de la subjectivité reflètent les enjeux inhérents à l'image et au cinéma dans un miroir constamment tendu au spectateur.
Cette faculté à susciter de l'étrange anime toute une tendance de la création contemporaine, ce "minimalisme fantastique" qui se cache dans les interstices du quotidien pour reprendre l'équation freudienne. Tout comme le personnage de Dale Cooper dans Twin Peaks nous sommes face à une énigme à résoudre comme le souligne Nicolas Bourriaud au milieu de cette esthétique du fragment. C'est d'ailleurs pour cela qu'il n'a pas voulu de liens évidents entre les 3 expositions qu'il propose (Intérims-art contre emploi et Tala Madani).
Les 24 artistes réunis tels que Morgane Tschiember, Adrien Missika,Emilie Pitoiset, interagissent en 3 séquences débouchant sur un cul-de-sac autour des hallucinations du trait de Saelia Aparicio. Des tensions et multiples rebonds entre les objets signes dessinent un paysage saturé entre le sublime et sa ruine. Des signes nous interpellent constamment que l'on peut rapprocher de l'univers lynchien et ses obsessions. C'est à la fois perturbant, cruel (comme chez l'iranienne Tala Madani) et fascinant.
A noter qu'une commande photographique a été passée à Yohann Gozard qui a retranscrit dans ses nocturnes pris dans l'agglomération montpelliéraine, l'atmosphère trouble lynchienne.
-"Notes sur l'asphalte" au Pavillon Populaire.
Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon Populaire a encore une fois une intuition de génie en nous proposant cet important travail mené par Jordi Ballesta et Camille Fallet, les commissaires. Il inaugure une véritable saison américaine.
Ces 6 chercheurs ne sont pas des photographes au départ mais Donald Appleyard, John Brinckerhoff Jackson, Allan Jacobs, Chester Liebs, Richard Longstreth et David Lowenthal précèdent et rejoignent la veine documentaire qui innerve la photographie du paysage américain des années 1960 et 70. Leurs archives partagent avec les travaux de photographes tels que Walker Evans (bientôt exposé au Centre Pompidou), Robert Frank ou Stephen Shore des enjeux communs. Un "voyage au sein d'une Amérique mobile et précaire" d'une grande simplicité pris au bord des routes avec comme format privilégié la diapositive en ce qu'elle favorisait un classement thématique. La scénographie comme un story board implique le visiteur dans sa grille de lecture qui ressemble à un flux continu d'images et de sensations. On pénètre dans le vernaculaire et toute sa tradition par le biais de ces pratiques individuelles qui s'inscrivent dans une mythologie collective du paysage américain.
Infos pratiques :
Retour sur Mulholland Drive,
le 1er cycle d'expositions sous la direction de Nicolas Bourriaud
jusqu'au 23 avril 2017
Notes sur l'asphalte
jusqu'au 16 avril 2017
http://www.montpellier.fr/506-les-expos-du-pavillon-populaire.htm
Montpellier, destination culture !
avec le MoCo,Montpellier contemporain, centre d'art multi-sites nouvelle génération dont l'ouverture est prévue juin 2019. Il regroupera la Panacée, l'Hôtel Montcalm et l'Ecole supérieure des Beaux Arts (ESBAMA). Une structure ambitieuse qui se veut le reflet des enjeux du monde de l'art et des spécificités du territoire.
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