© Ron Amir.
Est-ce une impression de déjà vu devant ces zones de transit de migrants, ces territoires temporaires qui disent leur absence autant que leur traces. Ou d'inconfort et de malaise ? Une telle neutralité dans le procédé photographique et son résultat nous prive d'emblée de toute aptitude à la critique et au recul face à cet impeccable accrochage du musée d'Art moderne.
Proposées dans le cadre de l'Année France Israël, les photographiques de Ron Amir (né dans le kibboutz de Yehi’am, Israël en 1973 ) "Quelque part dans le désert" ne parviennent pas à dépasser le stade de la démarche documentaire alors qu'elles semblent y prétendre. On pourrait se croire dans l'une des jungles de Calais sauf que la végétation nous indique l'hémisphère sud.
Mais dès lors que le camp de détention de Holot (fermé depuis) reste invisible, le spectateur est comme piégé lui aussi dans ce parcours sans début ni fin.
Sauf à en croire les témoignages recueillis par des vidéos ou films des réfugiés et demandeurs d'asile, le photographe touché par leur faculté d'improvisation et de bricolage sommaire, peine pourtant à déclencher l'empathie.
Avec le film "Don't move" le tragi-comique finit par l'emporter sur une situation ubuesque où Ron Amir a visiblement été dépassé par cette situation de grands corps dans le paysage qu'il fallait discipliner pour organiser un portrait collectif. De quelle "application active dans la vie de la communauté qu'il choisit de photographier" (pour reprendre les propos du dossier de presse) s'agit-il ? Partager un moment, offrir une bouteille de Coca Cola.. et peut-on surfer sur la créativité de l'urgence ?
Présentée en 2016 au Musée d’Israël à Jérusalem sous le titre Doing time in Holot, la version parisienne rencontrera t-elle un écho ? le débat reste ouvert.
Infos pratiques :
Ron Amir
Quelque part dans le désert
jusqu'au 2 décembre
Pendant les travaux de rénovation, le musée reste ouvert. Entrée côté Seine : 12-14 avenue de New York
Quelque part dans le désert, le catalogue de l’exposition, aux éditions Paris Musées. 117 pages. 19,90€.