Alors que le festival OVNi en Ville élargi à tout un réseau d'hôtels et de lieux partenaires (le 109, friche reconvertie captivante, appartement de Lola Gassin, ateliers, résidences, chapelle et palais) marque des points sur l'impulsion d'Odile Redolfi et Pauline Payen, la foire Camera Camera 2ème édition semble ne pas encore avoir trouvé le juste positionnement, malgré les nombreux efforts déployés par Haily Grenet et toute l'équipe du Windsor. On oscille entre une démarche de découvertes, onirique et subtile avec OVNi et un marquage commercial. C'est toujours un exercice délicat avec le medium de la vidéo.
Le Jury, présidé cette année par Caroline Bourgeois et constitué entre autres de Chiara Parisi et Gilles Fuchs certes prestigieux a eu une attitude assez condescendante selon plusieurs galeristes qui ont été surpris de leur rapidité à traverser certaines chambres. Roxana Azimi, journaliste, quant à elle, n'avait pas jugé bon de faire le déplacement. C'est toujours le risque quand on fait appel à des "têtes d'affiches" parisiennes pour un événement régional qui a sa particularité et peut progresser tout en gardant cet ancrage territorial, Nice étant proche de l'Italie et de Monaco, la foire pouvait aussi regarder de ce côté là. L'année dernière Sandra Hegedüs, fondatrice de SAM Art Projects présidente du Jury avait su donner une impulsion, certes parisienne tout en privilégiant la prise de risque et l'émergence et avec une réelle implication de tous les membres.
La remise des Prix n'a n'a pas fait le consensus, Pauline Bastard, absente,(galerie Eva Hober Paris qui vient de remportant le Prix Marcel Duchamp), rafle le Prix Camera Camera doté par la Cie de Phalsbourg d'un montant de 10 000€ et Moving Art (Nice) le Prix de la meilleure chambre doté par la Caisse d'Epargne d'un montant de 2000€. Des histoires de femmes, dans une ère #metoo, plurielles et engagées.
Ce préambule étant posé, il serait injuste de ne pas remarquer la qualité des propositions et artistes sélectionnés qui se saisissent de la vidéo pour interroger d'autres mediums tels que le son, l'installation, la sculpture, dans une idée d'œuvre totale, faisant de ces chambres des réceptacles d'imaginaires fantasmés. L'existant devient alors sublimé, que l'on soit face à un statement de Laurence Wiener, des diagonales de Felice Varini, une fresque dorée de Parmigianni sur lesquels se projettent ce flux indiscipliné d'images en mouvements.
L'on remarque :
-Pauline Brun chez Eva Vautier (Nice)
-Sébastien Arrighi chez Sintitulo (Mougins)
-Sylvain Couzinet-Jacques et Ugo Schiavi chez Double V (Marseille)
-Sarah Mehoyas chez PACT (Paris)
-Anne Valérie Gasc chez Un-Spaced (Paris)
-Samuel Rousseau chez Claire Gastaud (Clermont-Ferrand)
-la Panic room d'Aurélie Faure pour Eric Mouchet galerie (Paris)
-La cellule, Emmanuelle Becquemin &Stéphanie Sagot chez H Gallery (Paris)
-Emilie Brout & Maxime Marion chez 22,48m² (Paris)
Si au final on ne savait plus très bien si l'on était dans une foire ou un festival, ce qui n'a pas forcément très commercial pour les galeries, on ressort conquis de ces traversées diurnes et nocturnes, séquences longues ou formats courts, regards proches ou lointains. Il y a un vrai potentiel révélé, reste à lui trouver la note juste.
Nombreux interview à suivre, d'artistes, galeristes, commissaires et aussi d'institutions partenaires telles que SAM Art Projects, le 3BIS F à Aix en Provence, la Sorbonne Artgallery à Paris et Karma Berlin.