C'est à la veille d'Art Brussels que nous rencontrons Catherine Bastide, qui investit l'ancienne Brasserie Atlas dans le cadre du Off. Elle est revenue sur ses engagements sociaux et environnementaux multiples et sa vision de l'entreprenariat en art.
1. Le pari que représente l'exposition de Valérie Snobeck à la Brasserie Atlas pendant Art Brussels
J'ai été invitée par les artistes qui gèrent la Brasserie Atlas à proposer une exposition en lien avec les problématiques environnementales que je défends.
Sur ce site industriel exceptionnel j'ai décidé d'inviter Valérie Snobeck qui entame un nouveau projet autour de la déconstruction de la façade de l'Agence de Protection de l'Environnement (EPA) de Washington DC, un bâtiment typique néo classique XIXème qui véhicule certaines valeurs de notre démocratie occidentale. Elle en détourne les motifs architecturaux afin que le visiteur puisse se les réapproprier à l'échelle de son corps et promener à l'intérieur des éléments de ce lieu largement attaqué par l'administration Trump et les lobbies industriels américains. Cette exposition monographique voyage et nous arrive du Consortium de Dijon. Le résultat plastique est très abouti de ces éléments traités de manière très raffinée (taille de pierre, ébénisterie, travail du verre) au sein de ce complexe industriel en parti voué à la démolition.
2. Pourquoi un tel écosystème à Bruxelles ?
Beaucoup de jeunes artistes viennent à Bruxelles depuis une dizaine d'années, Bruxelles étant une ville qui reste très abordable par rapport à d'autres capitales, et très centrale, ce qui explique la croissance de l'écosystème. Le nombre de galeries et de musées étant assez limité, cela génère forcément des créations de projets run spaces à l'image de la Belgique qui se prête bien à ce genre de formats. Comparé à Marseille c'est beaucoup plus facile de créer des projets ici qu'en France où c'est plus politique avec toute une hiérarchie. Les entrepreneurs ici en Belgique ont sans doute aussi une relation plus proche et naturelle avec l'art, facilitant alors la location ou le prêt de tels bâtiments.
3.Chevalier Roze et Bastide Projects à Marseille : bilan depuis l'ouverture
Il était intéressant de revenir en France et d'observer la scène. Il y a un besoin énorme de lieux pour les artistes à Marseille. L'option que j'ai prise a été d'inviter de jeunes artistes et curateurs pour les soutenir, comme un tremplin. Parallèlement j'ai souhaité développer des projets autour de la problématique du réchauffement climatique, ce qui prend beaucoup plus de temps. Ils verront le jour je l'espère en 2020 à l'occasion du Congrès mondial de la biodiversité.
4 The Solar Fab Trainers, The Skateroom et votre implication dans Art 2030 en lien avec les objectifs défendus par les Nations Unies pour le développement durable, pourquoi/comment de tels engagements ?
Art 2030 est un mouvement initié par Luise Faurshou, qui organise des panels de discussions et produit des oeuvres in situ avec les nations unies, afin de sensibiliser le public au réchauffement climatique.
Nous échangeons simplement nos idées et essayons d'élargir notre réseau philanthropique et écologique.
Le solar fab trainer est un autre projet que je porte. C'est à l'invitation d'une société française ERM basée à Carpentras fabricant de panneaux solaires sur sites isolés, récompensée pour ses containers qui désalinisent l'eau dans des villages en Afrique, que nous avons imaginé 2 containers transportables en camion qui sont implantés dans des villages de façon pérenne, l'un étant une centrale solaire autonome, donnant accès à l'électricité et l'autre contenant des ateliers mobiles équipés d'outils sélectionnées en fonction des besoins des villageois. Ils sont accompagnés par des enseignants qui leur apprennent l'artisanat ou la technologie . . C'est un beau projet qui demande toutefois beaucoup de la persévérance, nous sommes sur du long terme ..
Un autre projet qui m'intéresse tout autant, serait de développer l'entrepreneuriat social au sain le milieu de l'art contemporain. L'idée est de proposer un modèle alternatif aux galas de charités et autres benefit auctions et d'encourager les galeries, les artistes, les foires, tous les acteurs du marché de l'art à soutenir des initiatives locales à finalité environnementale, chacun à son niveau, partout où nous pouvons agir en finançant des actions concrètes portées par les associations environnementales.
5 Les rencontres décisives dans votre parcours
J'ai eu la chance de rencontrer des femmes passionnées et engagées, ce sont ces rencontres qui m'ont renforcées et influencées tout au long de ma vie. Parmi ces Entrepreneuses, intellectuelles ou artistes, il y a Jennifer Flay avec qui j'ai travaillé à la galerie Ghislaine Hussenot dans les années 90 ou encore Janaina Tschäpe, artiste brésilienne, qui m'a incité à ouvrir ma propre galerie à Bruxelles ( avec qui je continue de collaborer) ou encore Anne Pontégnie historienne de l'art avec qui j'ai organisé une exposition magistrale de Mike Kelley et Franz West à la Villa Empain à Bruxelles.
Ce sont finalement les artistes qui m'ont le plus marqués intellectuellement, en particulier Mike Kelley, Catherine Sullivan, Josh Smith ou Kelley Walker.