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Rencontre avec Cyrille Sciama, Directeur Général du musée des impressionnismes Giverny

par Marie de la Fresnaye 30 Juillet 2019, 10:43 Interview International Régions

Portrait  ©Musée d'arts de Nantes - C.Clos. Ker-Xavier Roussel, le Pêcheur  © Tous droits réservés, La Terrasse  © RMN Grand Palais, Eurydice mordue par un serpent.
Portrait  ©Musée d'arts de Nantes - C.Clos. Ker-Xavier Roussel, le Pêcheur  © Tous droits réservés, La Terrasse  © RMN Grand Palais, Eurydice mordue par un serpent.Portrait  ©Musée d'arts de Nantes - C.Clos. Ker-Xavier Roussel, le Pêcheur  © Tous droits réservés, La Terrasse  © RMN Grand Palais, Eurydice mordue par un serpent.Portrait  ©Musée d'arts de Nantes - C.Clos. Ker-Xavier Roussel, le Pêcheur  © Tous droits réservés, La Terrasse  © RMN Grand Palais, Eurydice mordue par un serpent.

Portrait ©Musée d'arts de Nantes - C.Clos. Ker-Xavier Roussel, le Pêcheur © Tous droits réservés, La Terrasse © RMN Grand Palais, Eurydice mordue par un serpent.

Ex-Conservateur territorial du patrimoine chargé des collections du XIXe siècle et des partenariats au musée d’Arts de Nantes, Cyrille Sciama est diplômé de l’Institut National du Patrimoine. Co- commissaire de l’exposition « James Tissot » au Fine Arts Museum de San Francisco et au musée d’Orsay (octobre 2019-juillet 2020) et auparavant commissaire de l’exposition « Nantes, 1886 : le scandale impressionniste » au musée d’Arts de Nantes, il mêle audace et qualité scientifique dans ses nombreuses productions à fort succès.
Cyrille Sciama à l'occasion de l'exposition Ker Xavier Roussel nous dévoile ses objectifs pour le musée des Impressionnismes et sa vision tournée vers la création contemporaine à qui il souhaite donner une vraie place. Son ouverture d'esprit et sa passion ouvrent grand le champ des possibles !
 
1. Quelles ambitions portez-vous pour le musée des impressionnismes Giverny ?

Le musée fonctionne bien en termes de moyens et de public, ce qui offre beaucoup de possibilités sur un site très touristique.
J'aimerais décloisonner l'établissement et le faire entrer d'avantage en cohérence avec la société civile, faire venir plus de jeunes, d'adolescents, de jeunes adultes, jeunes couples..Je souhaite aussi que le musée accompagne sa programmation d'autres événements que les expositions comme les concerts ce qui est déjà proposé avec un festival mais aussi faire venir un peu d'électro, de la danse et de l'art contemporain. C'est important que l'on soit aussi un lieu qui accueille la création contemporaine, ce qui rejoint ma volonté de décloisonner les disciplines. Nous ne sommes pas uniquement un musée de peinture impressionniste mais aussi ce que cela nous dit comme art de vivre.
Enfin un sujet sur le jardin car nous avons un très beau jardin moins connu que celui du musée Monet mais qu'il serait bon de faire valoir comme un atout pour l'établissement.

2. L'exposition Ker Xavier Roussel, en quoi est-ce une première ?

L'exposition a ouvert le 27 juillet avec comme commissaire Mathias Chivot qui est le spécialiste de l'artiste et conçoit son catalogue raisonné. Elle est très attendue par les historiens de l'art et le public comme une vraie découverte. Ker Xavier Roussel est un ami des Nabis et le dernier n'ayant pas eu une exposition majeure ayant plutôt été mis en relation avec les autres artistes, comme actuellement au musée de Vernon avec Vuillard «portraits de famille»; Roussel ayant épousé la sœur d'Edouard Vuillard, Marie.
Cette rétrospective d'ampleur revient sur cet artiste assez pudique qui passe d'un style nabi à un style plus tardif inspiré par la fable et la mythologie et Friedrich Nietzsche. C'est intéressant de voir qu'il a été fasciné par tous les mythes de Dionysos, de la Grèce, des faunes. Il imagine de grands décors très verdoyants. L'exposition se concentre sur le thème du jardin, sujet tout à fait en cohérence avec la fascination de Roussel pour la nature, ce qui a vraiment du sens ici, en plus d'être un formidable décorateur.
 
3. Co-commissaire de l’exposition « James Tissot » au Fine Arts Museum de San Francisco et au musée d’Orsay, quels partenariats et synergies à l'international et au niveau régional comptez-vous poursuivre et développer ?

Le musée des impressionnismes est déjà très visible à l'international par son réseau. Nous avons une longue tradition avec la Terra Foundation for American Art qui ouvre la porte à de nombreux musées américains et ce partenariat avec le musée d'Orsay qui est aussi formidable. J'ai aussi envie de proposer des co-productions qui aient du sens avec la taille de l'établissement, je pense notamment à un niveau européen, au Thyssen Bornemisza à Madrid ou au Städel museum à Francfort, des musées
avec de belles collections à taille humaine.
Au delà de cette dimension internationale, je considère que le musée est aussi ancré dans un territoire et qu'il doit aussi travailler avec ses collègues normands. J'ai dans ce sens déjà été rencontrer mes homologues à Rouen et au Havre, considérant que le musée des impressionnismes est la première étape entre Paris et la mer, dessinant une ligne sur la Seine entre Giverny, Rouen et le Havre. Nous allons pour cela tenter de dégager une programmation commune à la fois en termes d'expositions, de rencontres, de festivals ou de colloques.
 
4.Quelle va être votre programmation à venir ?

Mon mandat court sur 3 ans et en ce qui concerne la saison 2020 nous préparons une exposition qui aura lieu en mars intitulée «Plein air, de Corot à Monet»; avec des artistes qui créent directement dans la nature, soit la période pré-impressionniste. Et pour l'été 202, une exposition en collaboration avec la Terra Foundation sur des artistes américains et le paysage. Un juste hommage à la Terra Foundation, dont nous n'avions pas fait d'exposition à partir de cette remarquable collection. Nous allons aussi travailler sur la programmation associée à ces expositions selon mon souhait de faire venir la musique, le théâtre, l'art contemporain…

5. En ce qui concerne l'art contemporain, quelles pistes avez-vous ?

Je considère que le musée est là aussi pour accueillir de jeunes artistes. La Terra Foundation propose déjà des bourses, nous pourrions imaginer que le musée offre une bourse pour un artiste en résidence. Ce lieu enchanteur est tout à fait destiné à recevoir des créations in situ.
D'autres lieux le font déjà comme la Terra Foundation ou la maison Monet aussi nous pouvons étudier les synergies à mettre en œuvre et j'aimerais avoir aussi de temps à autre une saison contemporaine avec un artiste invité qui vienne travailler sur le musée et ses collections.
Et enfin le jardin, un lieu tout à fait propice à être investi par un artiste contemporain.
 
Question plus personnelle :  A quand remonte votre 1er choc esthétique ?

J'ai la chance d'avoir des parents qui m'ont emmené au musée très jeune donc j'ai toujours baigné dans cet univers.
La vraie révélation, celle qui a décidé de ma vocation de conservateur de musée, remonte à l'exposition Paul Gauguin au Grand Palais en 1989. Après 3 heures d'attente j'ai eu un véritable choc.
La commissaire était Françoise Cachin que j'ai revu récemment à un colloque sur Gauguin et à qui j'ai avoué qu'elle avait changé ma vie !
 

Infos pratiques :
« Ker-Xavier Roussel. Jardin privé, jardin rêvé »
Du 27 juillet au 11 novembre 2019,
dans le cadre du 10 e anniversaire du musée
 
Ouvert tous les jours, y compris les jours fériés, de 10h à 18h (dernière admission à 17h30).
 
Tarifs 
Adulte 7,50 €
Enfant de 12 à 17 ans / étudiant  5 €
 
 
99 rue Claude Monet, Giverny
En train, ligne St Lazare/Rouen
 
 
 
 
 
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