Sylvie Enjalbert, céramiste grès, bénéficie d’une importante exposition en Corée qui rassemble l’ensemble de ses recherches autour de la forme vernaculaire du pot usuel ou cultuel, réceptacle de l’empreinte du geste et du temps. Après La Borne en 2018 et cette année la galerie Terra Delft aux
Pays Bas et Révélations/Grand Palais, cette rétrospective marque une étape importante dans son travail.
Minimalisme et intériorité
Autodidacte, Sylvie Enjalbert découvre pour la première fois la céramique au Chili à travers la culture précolombienne. D’un objet usuel ou rituel, le pot à l’apparente simplicité, elle noue un dialogue subtil avec ce geste premier et universel que l’on peut retrouver dans les grottes rupestres de Gargas
dans sa région,les Hautes Pyrénées « Toutes ces mains avant les miennes et si proches pourtant ». Comme une évidence. « Je m’inscris dans une idée de commun tout en revendiquant une identité forte dans mon travail » Elle privilégie les terres brutes et nues, utilise la technique ancestrale du colombin qui demande une attention de chaque instant et recherche les variations sur l’équilibre et la ligne « Chaque petite anse, chaque petite arête que je peux rajouter a un sens ». Si l’on est suffisamment attentif on remarque à la surface un mouvement « comme de petites vagues crées par
l’empreinte de mon pouce. De cet aspect irrégulier de la pièce se dégage une âme particulière qui vient de l’empreinte » Cette quête autour de la forme et du détail, vecteur ou non d’harmonie, la conduit tout naturellement en Asie, en Chine et au Japon où elle rencontre un maître coréen qui va
l’ouvrir à l’idée du mouvement et du volume, à partir de la technique des onggi, ces jarres de fermentation traditionnelles dont la fabrication très physique demande de grands gestes comme dans une chorégraphie. Un corps à corps qui guide ses nouvelles explorations de la matière.
Revenir en Corée à l’invitation de cette galerie qui avait repéré son travail à Chicago est un aboutissement et l’ouverture vers de nouveaux projets.
A partir de quand un pot devient –il une sculpture ?
est l’une des question que pose cette exposition conçue en étroit dialogue avec la galerie. Une quarantaine de pièces sont rassemblées : « Excentriques », « Sur pied », en volumes, et quelques terres récoltées en Dordogne, autre axe de recherche encore embryonnaire. Le proche et le lointain, l’immémorial et le contemporain, l’équilibre et la disproportion, le vernaculaire et le sacré, le cheminement que propose Sylvie Enjalbert par delà les cultures et les usages, offre une alternative au monde qui nous
entoure. Une lenteur de l’ordre du méditatif qui saura trouver une résonnance toute particulière sur la scène asiatique.
Infos pratiques :
Du 4 octobre au 26 octobre 2019
Gallery LVS
B1F, Jasmi Bldg. 33,
Dosan-daero 27-gil
Gangnam-gu,
Seoul, South Korea
Site de l'artiste :
Retrouvez ce portrait dans la Revue de la Céramique et du Verre.