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Paula Becker ou l'impossible autonomie @musée d'art moderne

par Marie de la Fresnaye 25 Avril 2016, 13:16 Expositions Paris

© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.
© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.
© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.
© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.
© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.

© Paula‑Modersohn-Becker-Stiftung, Brême.

C'est à un destin singulier que s'attache le musée d'art moderne de la ville de Paris, celui d'une femme, l'amie du poète Rainer Maria Rilke, peintre fauchée à l'âge de 31 ans et singulièrement peu connue en France, alors qu'elle jouit en Allemagne d'un véritable culte (elle a son propre musée à Brême).

Paula Modersohn-Becker n'aura eu de cesse tout sa vie de dépasser tabous et contraintes imposées aux femmes en ce début de XXè siècle. Sa mort prématurée suite à l'accouchement de sa fille et l'ultime hommage de Rilke à cet amour impossible dans son "Requiem à une amie" de 1909 en font une personnalité hors norme. Son intransigeance dans le travail et sa quête de primitivisme (portraits du Fayoum et Quattrocento italien) tout en revendiquant une esthétique très avant-gardiste suffisent à la placer aux côtés des grands artistes de son temps. Captivée par Paris (elle y séjourne 3 fois) elle côtoie seule ou avec son mari (le paysagiste Otto Modersohn) le Montparnasse de Picasso ou Modigliani et interprète dans ses oeuvres les audaces de ses contemporains modernistes. Ses disputes et tensions liées à un mariage malheureux, ses affinités avec Rilke et sa femme qui n'est autre que sa meilleure amie la sculptrice élève de Rodin, Clara Westhoff, ses dilemmes constants entre maternité et création, ses allers et retours entre la communauté artistique de Worpswede au nord de Brême et la ville lumière, autant d'ingrédients réunis pour en faire une figure du combat féministe avant l'heure. Certaines de ses oeuvres seront saisies et intégrées par les nazis dans l'exposition "Art dégénéré" de 1937. Sa courte production sur 14 années se révèle extrêmement féconde comme en témoigne cet élégant parcours de 130 peintures et dessins, conçu par Julia Garimorth, la commissaire, conseillée par l'écrivaine Marie Darrieussecq qui publie à l'occasion sa première biographie de l'artiste en langue française "Etre ici est une splendeur" (éditions P.O.L). L'auteure à partir du journal de l'artiste et de sa correspondance avec Rilke s'est penchée avec passion sur ce trio amoureux rapprochant cette figure de Virginia Woolf, autre protagoniste revendiquant un espace à soi.

Que nous disent ces portraits d'enfant mélancoliques et bouleversants à la rigoureuse frontalité ? Que se cache t-il derrière ces autoportraits nus ou ces maternités loin de toute idéalisation ? que le paradis perdu de l'enfance continue à nous hanter et que la mort n'est qu'un passage ? Le mystère demeure et la magie aussi, longtemps après.

Catalogue de l'exposition, édition Paris Musées.

Infos pratiques :

Paula Modersohn-Becker

L’intensité d’un regard

Du 8 avril au 21 août 2016

Paula Modersohn-Becker | Musée d'Art Moderne de la Ville ...
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