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Léa Bismuth consume Labanque avec Georges Bataille !

par Marie de la Fresnaye 12 Octobre 2016, 15:37 Regions Littérature Video

©Rebecca Digne, Clément Cogitore, Benoît Huot, Agnès Thurnauer.
©Rebecca Digne, Clément Cogitore, Benoît Huot, Agnès Thurnauer.
©Rebecca Digne, Clément Cogitore, Benoît Huot, Agnès Thurnauer.
©Rebecca Digne, Clément Cogitore, Benoît Huot, Agnès Thurnauer.

©Rebecca Digne, Clément Cogitore, Benoît Huot, Agnès Thurnauer.

Invitée par le centre de production et diffusion en arts visuels de Béthune (64), Labanque la critique d'art parisienne Léa Bismuth propose une transposition en 3 volets de la pensée de Bataille dans le champ de l'art contemporain au risque d'en laisser certains sur le bord du chemin. En effet ce questionnement à partir de la notion de "dépenses"central à l'ouvrage de La Part Maudite publié en 1949, même s'il a trouvé un réel écho chez les artistes invités est loin d'être accessible à tous. La médiation va donc jouer un vrai rôle dans ce parcours labyrinthique sensoriel qui innerve l'ensemble des espaces de l'ancienne banque de France. Quatre grands chapitres scandent la progression : énergie, excès, don et rituel.

Le plateau central dédié aux énergies positives et négatives est de loin la zone la plus ouverte et lumineuse, avant de descendre dans les profondeurs ténébreuses des sous sols. Kendell Geers donne le ton dans un rituel contemporain des obsessions païennes en lieu et place de l'ancien comptoir d'accueil imposant. Son Kaput Mortuum constitué de crânes et multiples totems nous invite à un festin d'un genre très spécial auquel répond mourir fatmi avec ces restes de graisse de mouton séchée selon le rite de la fête musulmane de l'Aïd al-Kabir. Manon Bellet propose une installation murale éphémère subtile à partir de cendres de papier de soie tandis que l'Apollon brisé à terre et brûlé de Laurent Pernot ou les arbres consumés de Lionel Sabatté induisent une possible renaissance. Agnès Thurnauer et Ana Mendieta se livrent à un étrange ballet, primitif et puissant.

Puis c'est une longue descente aux enfers (âmes sensibles et jeune public s'abstenir) à laquelle nous convoque Antoine d'Agata autour de ces vidéos d'errance d'êtres torturés par leurs limites et instincts les plus vils. Ces bas fonds et zones de non retour peuvent donner la nausée dans cette quasi obscurité. Vivement la remontée en apnée jusqu'au 1er étage feutré des anciens appartements du directeur !

C'est autour de la figure de l'anthropologue Marcel Mauss et son "potlach"revisité par Bataille comme un cadeau sans attente de retour : "le soleil donne sans jamais recevoir", que le squelette plaqué or de Michel Journiac nous accueille dans toute sa radicalité. Pierre Klossowski, compagnon de route de Bataille et tenté comme lui par la vocation religieuse et sa Diane sensuelle et offerte ouvre la brèche du désir, suggéré également par Juliao Sarmento (Lick my eyes, lape mon regard) ou Manon Bellet et son odeur de parfum vite entêtante. Attraction et répulsion toujours avec Laurent Pernot et son intervention in situ de papier peint dessiné avec du sang humain.

Dernier étage autour du rituel et de gestes sacrificiels, le plus aboutit et pacifié à mon sens avec comme point de départ le récit imaginé par Yannick Haenel qui revisite le personnage du Trésorier Payeur, double de Bataille à partir du bureau de l'ancien directeur de la Banque. Une promenade fictive parsemée des clichés d'Anne Lise Broyer autour des lieux traversés par l'écrivain (les Globes Occulaires). Belles vidéos contemplatives de Rebecca Digne (la perte en héritage) ou de Clément Cogitore, tandis qu'Eric Rondepierre se réapproprie un lent baiser du cinéma muet.

Le feu qui dévore ou le feu qui purifie, l'énergie vitale dévorante ou fécondante ? autant d'interprétations possibles, de voix dissonantes ou harmonieuses comme celles du potlach sonore collectif proposé en fin de parcours dans l'ancienne et magnifique salle des coffres.

Infos pratiques :

Dépenses, premier volet de "La traversée des inquiétudes"

jusqu'au 26 février 2016

Labanque, un équipement culturel d'Artois Comm

(Béthune)

http://www.lab-labanque.fr

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commentaires
Q
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